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Mobilité et économie circulaire : perspectives sur un domaine émergent – Panel d’expert-e-s

Le concept d’économie circulaire est de plus en plus appliqué au Québec ainsi qu’à travers le monde. Un nombre croissant de municipalités développent des plans d’action leur permettant de cibler des secteurs économiques d’intervention prioritaires pour la mise en œuvre de stratégies de circularité, dont celui de la mobilité.

Ce premier panel d’expert-e-s de l’année a été l’occasion d’aborder les avantages et les défis de la mise en œuvre de stratégies d’économie circulaire en mobilité pour les organisations et les collectivités. Nos panélistes ont illustré comment les acteurs et actrices de la mobilité intègrent déjà plusieurs stratégies de circularité et ont exploré des pistes de solutions pour aller plus loin.

Un nouveau modèle

Notre société fait face à des enjeux environnementaux importants dans un contexte de crise climatique et de raréfaction des ressources. Nos panélistes s’entendent pour dire que notre modèle économique linéaire actuel n’est pas viable dans un objectif de réduction des gaz à effets de serre (GES) et des répercussions négatives de l’industrie sur notre planète.

Pour la commissaire principale au développement économique à la Ville de Montréal, Natacha Beauchesne, le modèle d’économie circulaire permettrait de contrer ces répercussions négatives en optimisant l’utilisation des ressources tout au long du cycle de vie d’un produit ou d’un service. Elle rappelle qu’il est urgent d’agir : « L’indice de circularité mondiale est de 7,2 % alors que celui du Québec est de 3,5 %. Il est donc important de travailler tous ensemble pour augmenter cet indice rapidement ».

La Ville a d’ailleurs récemment mené des consultations sur un projet de feuille de route en économie circulaire afin d’établir les grandes orientations stratégiques qui permettront d’accompagner l’écosystème montréalais dans sa transition vers ce nouveau modèle économique. Elle a permis d’identifier cinq chaînes sectorielles prioritaires : les secteurs de l’environnement bâti, de l’alimentation, du textile, de la pétrochimie, de la logistique et de la mobilité.

Selon les expert-e-s, ce dernier secteur est un grand contributeur à l’augmentation de l’empreinte carbone et de l’empreinte matérielle. Il est donc nécessaire de l’intégrer aux stratégies de circularité.

L’économie circulaire appliquée à la mobilité

L’ensemble des stratégies de circularité peuvent s’appliquer au secteur de la mobilité, selon Julie Bachand-Marleau, conseillère principale en planification stratégique et développement durable à l’Agence de mobilité durable de Montréal. C’est souvent, d’après elle, un ensemble de stratégies qui peuvent s’appliquer à un même bien ou un service. Elle remarque également que certaines stratégies sont plus pertinentes à la mobilité durable ou la mobilité en contexte urbain.

Tout d’abord, l’optimisation des opérations qui consiste à revoir les processus pour mieux prendre en compte la consommation énergétique. Cette stratégie est notamment appliquée à l’Agence de mobilité durable de Montréal dans le cadre de la planification des rondes de surveillance. Les itinéraires sont prévus à l’avance afin de maximiser la surveillance et éviter les déplacements inutiles, et des modes de transport alternatif tels que le vélo et la trottinette électrique sont employés dans les secteurs denses pour faciliter les déplacements.

Ensuite, l’économie de fonctionnalité, soit le fait de vendre l’usage d’un service plutôt que le produit lui-même. Communauto est un bon exemple de cette stratégie appliquée à la mobilité à Montréal, puisque l’entreprise vend l’utilisation de la voiture et non la voiture même.

Enfin, l’écoconception qui s’opère dès la conception d’un produit afin de réduire son impact environnemental tout au long de son cycle de vie. C’est le cas des voitures électriques ou encore de certains vélos conçus pour se réparer plus facilement, et ainsi, durer plus longtemps.

Des exemples de circularité

Les panélistes mentionnent de nombreux exemples d’intégration de la circularité dans leurs organisations. M’Milo Aongya, directeur adjoint à la planification et l’intelligence d’affaire chez BIXI, rapporte que dans son organisation, cela prend la forme d’une économie participative : « BIXI est opérateur d’un système de vélopartage qui appartient à la Ville et collabore avec des partenaires pour le rendre accessible à la population. Il s’agit donc de faire des ententes afin de partager l’espace public et rendre les vélos accessibles au plus grand nombre ».

Dans le cas de Coop Carbone qui accompagne des entreprises et des organisations à s’engager dans la lutte aux changements climatiques, Gabriel Michaud, chargé de projet en logistique durable, mentionne que cela passe par une mutualisation des actifs : « Il s’agit d’intégrer la mobilité à la circularité en partageant des infrastructures logistiques. Par exemple, nous aidons de petits producteurs agricoles de proximité à travailler ensemble afin de réduire leurs frais de livraison. » La Coop Carbone collabore aussi à un projet de livraison à vélo visant à réduire les émissions de carbone en milieu urbain : le projet Colibri.

Pour ce qui est de la Ville de Montréal, Natacha Beauchesne explique qu’elle veille à la saine gestion de son parc automobile et s’intéresse à la question du recyclage des batteries. Elle a également intégré des critères de circularité à sa politique d’approvisionnement responsable afin de réfléchir à de nouvelles façons d’intégrer la circularité dans le transport et la logistique sur son territoire.

Julie Bachand-Marleau rapporte que l’Agence de mobilité durable de Montréal travaille à développer des pôles de mobilité en appliquant la stratégie d’écoconception : « Dès la planification du projet, on prévoit l’utilisation de matériaux respectueux de l’environnement. L’Agence prévoit également de l’espace et travaille avec des partenaires afin de donner accès à la mobilité partagée. » Elle mentionne également que les équipements de perception sont entretenus selon une approche suivant le cycle de vie du produit, où chaque composante est réutilisée afin d’en optimiser l’utilisation.

Les avantages de l’économie circulaire

Les panélistes rapportent de nombreux avantages à intégrer des stratégies de circularité au secteur de la mobilité urbaine. Les ressources et l’espace étant limités, cela revient à l’idée de faire plus avec moins. C’est le cas des bordures de rue, perçues traditionnellement comme étant réservées au stationnement, où on évalue les bénéfices d’y consacrer de l’espace pour d’autres modes de transport.

Selon M’Milo Aongya et Gabriel Michaud, l’économie circulaire forme un « cercle vertueux » : plus on intègre la circularité à notre économie, plus les retombées sont importantes pour la société. Les entreprises et les ménages font ainsi des économies tout en réduisant les émissions de GES. Un meilleur partage de l’espace public et des ressources permet également de réduire le nombre de véhicules sur nos routes, augmenter la sécurité, réduire le bruit et améliorer la qualité de vie des citoyen-ne-s.

La fondation Ellen MacArthur, une organisation caritative engagée dans la promotion de l’économie circulaire, estime que nous pourrions atteindre les objectifs de l’Accord de Paris si le monde atteint un indice de circularité de 17 %. Le passage à la circularité constitue donc, selon les expert-e-s, la « prochaine vague » essentielle de l’action climatique.

Le panel en image

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